L’alcool fait-il vraiment grossir ?

Vous êtes nombreux à me poser la question de l’alcool quand on veut perdre du poids.

L’alcool fait-il grossir et quel impact sur la santé ?

Quand on pense à bière, on pense à un ventre rebondi, quand on parle d’alcool fort, vous pensez peut-être à du sucre.

C’est une question à laquelle je vais répondre en détail dans les lignes qui suivent.

Bonne nouvelle : je vais aussi vous donner mes recommandations pour maigrir… tout en buvant (avec modération !).

L’ALCOOL, CE N’EST PAS DU SUCRE, NI DE LA GRAISSE

Techniquement, on parle d’alcool pour désigner une boisson contenant de l’éthanol, une substance intoxicante.

Les boissons les plus fréquentes, et celles qu’on va aborder aujourd’hui :

– les spiritueux ou eaux de vie (alcools “forts” issus de la distillation : whisky, vodka, gin)
– les bières (à base de grains type houblons)
– les vins (à base de raisins)

Il y a trois nutriments : les protéines, les lipides (= graisses), les glucides (= sucres). La plupart de ce que vous mangez contient un des trois, souvent deux, parfois les trois en même temps. Ils sont chacun traités et absorbés différemment.

L’alcool (= éthanol), en revanche, ne rentre dans aucune de ces trois catégories et est un “nutriment” à part entière. Il n’apporte rien de particulier à notre corps et est éliminé comme un déchet.

Mais, il contient des calories (7 kcal par gramme). Vide, mais calorique.

Ce paradoxe ouvre la porte à interprétations diverses sur le lien entre prise de poids et consommation d’alcool selon la façon dont vous abordez le problème.

Option 1 : Il y a des calories, il faut les compter (ce que vous allez lire dans les magazines et autres blogs minceur)
Option 2 : C’est un déchet qui n’apporte aucun élément, pas besoin de le compter (l’avis de mon oncle Patrick à l’apéro)
Option 3 : Tout dépend de l’alcool concerné et de ses effets sur le métabolisme

La troisième option est celle que je vais aborder aujourd’hui : même si on n’utilise pas l’alcool comme source d’énergie, qu’il contient des calories… il y a quand même un impact étonnant sur votre organisme.

Les études montrent des effets contradictoires selon la population observée… je ne m’attendais pas à trouver des conclusions aussi surprenantes !

LES EFFETS DE L’ALCOOL SUR NOTRE MÉTABOLISME

EFFET NEUTRE : DÉSHYDRATATION

Le premier effet est bien connu des buveurs de bière : on va aux toilettes plus facilement.

Cet effet diurétique est connu depuis les années 40.

Vous éliminez du coup beaucoup d’eau lorsque vous buvez. Si cette eau n’est pas remplaçée, vous allez en apparence perdre du poids (vous êtes déshydraté).

Du coup la balance va être basse un lendemain de fête, mais vous allez reprendre ce poids dans la journée en buvant de l’eau.

EFFET NÉGATIF : SUPPRESSION DE LA LYPOLISE

On s’est assez vite rendu compte que l’alcool empêchait la perte de graisse en arrêtant net le cassage des graisses. C’est une des raisons pour laquelle vous ne pouvez pas boire d’alcool pendant la période jeûne du Fasting

Pour faire simple, au moment où vous buvez, vos graisses ne sont plus utilisées comme source d’énergie… et le sucre va être très efficacement stocké.

C’est un effet négatif auquel il faut faire attention lorsqu’on mange avec un verre à la main. Je vous donne ma solution dans mes recommandations un peu plus bas.

EFFET NÉGATIF : AUGMENTATION DE L’APPÉTIT

En parallèle, la consommation d’alcool stimule l’appétit.

Une grosse étude basée sur les habitudes de la population américaine le confirme dès 1985 : les buveurs mangent en moyenne 16% plus que les non buveurs.

On a donc tendance à manger plus quand on boit, vous l’avez peut-être remarqué.

Un effet négatif à ne pas négliger !

À ce moment là de ma recherche, je suis prêt à déconseiller fermement la consommation d’alcool à tous les lecteurs du Fasting… mais une conclusion surprenante de l’étude me force à continuer les recherches : même en mangeant plus, les buveurs de l’étude ne sont pas en surpoids par rapport aux autres.

Comment est-ce possible ?

EFFET POSITIF : AUGMENTATION DU MÉTABOLISME

Il n’y a qu’une seule explication à ce phénomène : le métabolisme augmente.

En d’autres termes, l’alcool ne donne pas faim “directement” mais demande des efforts pour être assimilé (augmentation de la dépense énergétique), ce qui entraîne une augmentation de l’appétit.

Cet effet a été confirmé dans une étude qui comparaient la perte de poids de 2 groupes avec le même nombre de calorie tous les jours.

Un groupe buvait un verre de jus de raisin, et les autres un verre de vin (même nombre de calories journalières). Le groupe avec alcool perd plus de poids que les autres.

Vu qu’ils consomment la même quantité d’énergie, c’est que leurs dépenses ont augmenté.

En deux mots : le corps tourne plus rapidement quand on boit un peu d’alcool tous les jours.

Cet effet est si positif qu’il annule complètement les autres effets négatifs sur la prise de poids, comme nous allons le voir avec les études statistiques.

EFFET POSITIF : MEILLEURE SENSIBILITÉ À L’INSULINE ?

C’est un peu la grosse surprise : en moyenne les buveurs ne sont pas plus gros que les autres (les femmes sont même plus minces).

Et oui ! En général, les études statistiques sur la consommation d’alcool montrent :

– chez les hommes, plus de calories absorbées mais poids identique
– chez les femmes, un poids inférieur chez les femmes qui boivent régulièrement (avec modération)

Vous savez que trop d’insuline entraîne une prise de poids ?

Dans le cas des buveurs réguliers, la sensibilité à l’insuline est améliorée : vous en produisez moins pour faire le travail.

Alors même si l’alcool augmente l’appétit et vous fait stocker plus facilement au moment de l’apéro… le reste de la journée il est plus efficace à utiliser les sucres de notre alimentation.

BILAN : UN EFFET NEUTRE SUR LA PRISE DE POIDS ?

Si les buveurs ne sont pas plus en surpoids que les autres, c’est donc que l’alcool ne fait pas grossir… non ?

D’autres études, comme celle ci sur les étudiants américains, montre parfois une influence négative de l’alcool dans la prise de poids (les étudiants qui ne boivent pas d’alcool prennent moins de poids que les autres).

C’est donc une question de dosage : trop d’alcool peut être un problème pour maigrir.

À dose modérée (un verre ou deux par jour), les effets positifs sur votre métabolisme sont plus importants que le reste. Mais avec trop d’alcool, les effets négatifs (stockage et appétit) prennent le pas sur les bénéfices.

Comme nous allons le voir, ça dépend de ce que vous buvez, et mangez avec votre verre.

EXPLICATION : COMMENT VOTRE CORPS TRAITE L’ALCOOL

Quand vous buvez, tout va vers le foie, qui traite l’alcool comme un poison en l’éliminant en priorité. C’est cette élimination qui vous fait dépenser de l’énergie supplémentaire et de l’eau (augmentant la fréquence de vos pauses pipi).

Mais lorsque vous buvez, votre corps cesse aussi de maigrir. Votre foie étant occupé à casser l’alcool, ce que vous consommez avec (graisses des chips par exemple), va partir en stockage au lieu d’être utilisé.

Certaines boissons alcoolisées contiennent des glucides en quantité négligeable (vin), et d’autres moins négligeables (bière).

Ce qui rend un alcool sucré, c’est aussi de faire des mélanges (vodka orange, whisky coca et autres cocktails).

Le problème à ce moment là n’est pas tellement l’alcool mais le sucre que vous avalez avec.

Considérez les cocktails comme un dessert

 

Exemple : quand j’étais étudiant, il m’arrivais fréquemment de me “mettre une cuite” avec une dizaine de vodka-pomme : 2 litres de jus de pomme = 200g de sucre pur !

Imaginez l’équivalent de deux poing de sucre sur votre organisme… plusieurs fois par semaine.

L’alcool est alors le moindre de vos souci.

La technique ultime pour boire sans grossir

Maintenant que vous savez que l’alcool tout seul ne sera jamais stocké en graisse, on peut tout à fait imaginer une stratégie qui rende impossible la prise de poids quand on boit.

On va donc profiter des effets positifs pour le métabolisme tout en empêchant tout prise de graisse.

Étape 1 : alimentation pour la journée

Les macro-nutriments dont on a parlé ne sont pas stockés de la même façon.

Les protéines par exemple sont presque impossible à stocker seules, même si vous en mangez beaucoup (il faut qu’elles soient converties en sucre, puis en graisse).

Les sucres peuvent être convertis en graisse.

Les graisses sont stockées presque directement (mais seulement en cas de surplus calorique).

Vous pouvez donc manger des protéines (presque in-stockables) avec des légumes (faibles en calories). Essayez du coup d’éviter de manger trop gras ce jour là, aussi bien avant que pendant l’apéro.

Protéines maigres et légumes : le combo gagnant avec l’alcool

 

Vous n’aurez rien dans le ventre à stocker. L’autre avantage, c’est que vous allez sentir les effets euphorisants avec beaucoup moins d’alcool que le ventre plein.

Étape 2 : choisir le bon alcool

Si vous n’allez pas stocker l’alcool en lui même, vous pouvez tout à fait stocker ce que vous buvez avec. Pour reprendre l’étude avec le jus de raisin, c’est le sucre de ce dernier qui va être stocké.

Lorsque vous faites un cocktail, vous allez ajouter une boissons sucrée… encore une fois c’est ce sucre qui pose problème. Dans la bière, c’est les glucides des céréales fermentés.

Le cidre et le rosé, ainsi que les vins moelleux ou liquoreux (comme le Martini) sont également très sucrés.

Une bonne solution est de se limiter à ceux pauvres en sucre, comme :

vins secs (blanc et rouge)
– spiritueux (en shooter ou avec une boisson sans calorie type soda light)

Étape 3 : ne pas manger de graisses avant et pendant l’apéro

Je n’ai rien contre les graisses, mais les jours où vous buvez vous risquez de vous retrouver en excédent calorique et donc de stocker plus facilement si vous avez mangé gras en même temps.

Le vrai problème, c’est donc le saucisson, les cacahouètes et les biscuits d’apéro ! Soyez raisonnable et limitez vous aux crudités crues sans trop de mayonnaise.

L’alcool accélérant le stockage, ne lui facilitez pas la tâche !

Étape 4 : boire de l’eau

Quand j’étais étudiant, on disait “Boire de l’eau c’est tricher”. Sans remettre en cause mon ancienne philosophie de vie, c’était complètement idiot !

L’alcool déshydrate et vous devez donc boire de l’eau régulièrement. Personnellement, j’essaye d’alterner verres alcool et verres d’eau.

Vous avez besoin de boire pour bien maigrir, il est important de surcompenser ce jour là.

Je bois toujours un verre d’eau après chaque verre d’alcool

 

Enfin, la meilleure façon d’éviter la gueule de bois est de descendre une grande bouteille d’eau (1L) juste avant de se coucher : réveil “frais” garanti !

Soyez honnête avec vous-même, si vous êtes toujours mal le lendemain, c’est que vous avez trop bu. Modération la prochaine fois !

En buvant trop, vous faites pencher la balance vers trop d’effets négatifs.

Les conséquences sur le poids d’une consommation excessive

Il est donc possible d’associer boissons alcoolisées et vie saine, si vous suivez mes conseils.

Les problèmes arrivent lorsqu’on abuse. Vous vous souvenez des buveurs américains qui ne prenaient pas plus de poids que les autres ? C’est une moyenne statistique, qui ne montre pas la réalité des cas extrêmes.

Quand on boit trop, ça part dans les deux sens :

l’alcoolique maigre : il boit trop et ne mange pas assez, prenant son énergie dans l’alcool, vide de tout nutriments essentiels… il ne prend pas de poids voir maigrit.

le bon vivant : mange plus que la moyenne, ses excès d’alcool vont de pair avec des excès de nourriture = il grossit.

Dans un cas comme dans l’autre, leur espérance de vie est fortement réduite. Vous voulez donc ne pas abuser et vous limiter.

Qu’est ce qu’une consommation trop élevée ?

L’alcool, bon pour la santé ?

Là encore, si on exclut les conséquences dramatiques de l’alcoolisme, les accidents de la route et les drames familiaux associés… l’alcool en tant que tel ne serait pas si mauvais pour la santé.

L’exception française est un phénomène bien connu des diététiciens. Alors que le consensus scientifique était que l’alcool était mauvais pour la santé, une étude sur la population française a montré que nous avions des risques d’accidents cardio-vasculaires plus faibles que la moyenne, pour une consommation d’alcool plus élevée.

Depuis, nombre d’études ont montré une influence favorable d’une consommation modérée d’alcool(autour de 20 verres par mois) sur la santé (cholestérol, taux d’insuline, tour de taille).

Encore tout récemment, une étude a confirmé les bénéfices d’une consommation quotidienne (jusqu’à 3 verres !) sur la santé cardiaque.

Ces effets positifs sont à modérer face aux effets potentiellement nuisibles sur les fonctions cérébrales d’un excès d’alcool (effet neuro-toxique), qui sont plus difficiles à estimer sur le long terme.

Une chose est sûre : une consommation modérée (un à deux verres), ne vous empêchera pas de vivre vieux ! Jeanne Calment, doyenne de l’humanité (122 ans) buvait un verre de porto tous les jours.

Si vous maintenez une consommation inférieure à 7 verres par semaine en moyenne, vous ne risquez pas grand chose, au contraire.

Bonus : Le mode de consommation joue sur la santé

Alors que la France et l’Irlande ont des consommations d’alcools à peu près identiques, les maladies cardiaques sont bien plus importantes en Irlande.

Une étude de 2001 trouve l’explication : les irlandais ont plus tendance à boire beaucoup d’un coup. L’impact sur la pression artérielle est complètement différente.

En résumé, une consommation modérée quotidienne vaut mieux que des “cuites” le week-end. Aussi bien pour la prise de poids que la santé.

Conclusion : modération !

Les études sur les étudiants le montrent bien : ce qui pose problème, c’est ce que vous allez manger en plus. Aussi bien les grignotages que les repas qui s’allongent le dimanche.

Au final, la variation de votre poids reste principalement liée à ce que vous mangez avec.

 

Que ce soit pour votre perte de poids ou pour la santé, je n’ai aucune raison de vous déconseiller l’alcool quand vous voulez perdre du poids, tant que c’est avec modération et le bon type.

Un ou deux verres par jour ne vont pas vous faire prendre de poids ou vous faire mourir jeune, nous montre la science aujourd’hui. Évitez quand même de boire toute la bouteille.

Si vous buvez beaucoup et que vous avez du mal à maigrir, vous pouvez essayer de vous en passer pendant une semaine pour voir. On ne sait jamais…

Pour les autres, santé !

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération.

 

Par JB Rives

 

Source : fasting.fr